"Ceux qui cherchent la justice prieront pour cela toute leurs vies…"
C'est une vacherie, quand même, la poésie, mine de rien. On essaie d'imposer une forme, une structure, une vie en fait à ce qui n'existera jamais. A donner à la vie une forme qu'elle ne devrait jamais posséder. En fait, la poésie, c'est se prendre pour Dieu. Et c'est pour ça que des poètes ... bah en fait, c'est pas les gens les plus croyants au monde.
Surtout en cette fin de siècle, quand on se balade dans un quartier totalement sordide de Londres. Là, c'est pire, la seule poésie c'est les alexandrins du mec bourré qui vous vomit sur les pieds en vous demandant 'une piécette, ma jolie', alors que vous avez une furieuse envie de lui renvoyer et son vomi et vos escarpins dans sa petite face d'alcoolique qui, pour une fois, restera anonyme. Ok, mes blagues sont pas drôles, elles font même franchement pitié, mais on ne peut décemment pas faire un rp sans raconter une ou deux conneries valables. Ok, je me tais.
J'aime dire je, ça me donne l'impression d'être quelqu'un, l'impression qu'il m'est possible de connaître la vie, l'impression que ... que ... Que ces que ont une importance. Alors qu'en fait, je ne suis rien à part un corps vide, la vie refuse de se laisser apprendre par celle que je suis, et le pire, ces que n'ont aucune importance.
Alors "je" déambule dans des rues mal famées, sans se préoccuper des autres. "Je" se balade au coeur de la misère humaine, la vraie, la pure, celle qui pousse et se complait dans le terreau des ordures de la noblesse anglaise. Non pas la plèbe, comme diraient les grecs ... Pas cette foule humaine digne, comme on le disait jadis, mais bien le peuple, populus... Les rejets de la société en clair, ces êtres dont personne n'a strictement jamais voulu, et qui, je le trouve, sont fascinants.
Bien plus fascinants que des partitions vieilles d'un siècle sur lesquelles je m'acharne à déchiffrer un quelconque message codé, vous pouvez me croire ...
Ah oui, et je, au fait, c'est ....
C'est moi. Elina. Ou Vena. Non, Vena, c'est mieux. C'plus court, ça sonne mieux, plus étranger, moins .... Moins ma terre d'attache.
Et Vena, eh bah, vous le croirez jamais. C'est un démon. Ok, ok, vous me croyez, c'est pas plus mal en fait. Peu importe. Chu un démon. Oui, les trucs qui vivent dans les flammes et sont SENSES chopper votre âme le jour du Jugement Dernier. Enfin ça c'est que la théorie parce que je me répugne à tripatouiller l'âme d'un seul humain. J'ai touché assez de trucs dégueulasses dans ma vie, à l'extérieur comme à l'intérieur, aucune envie de faire l'expérience. Au pire je crèverais de faim, au mieux je deviendrais plus anorexique que je le suis déjà. Ce qui n'est pas totalement possible, merci de me le faire remarquer.

Maintenant, la question qui tue, et que vous vous posez tous. Qu'est-ce que Je fous ici ? Eh bah, comme vous, désolé de vous décevoir, j'en sais strictement rien. Je me balade. J'apprends à découvrir. Si la mort est le commencement de tout, la renaissance est une sacrée connerie de C.P, si vous voulez tout savoir ...
Plus sérieusement, je suis là pour une expérience de la plus haute importance. Est-ce qu'un démon peut entrer dans une église ? Déjà que ce n'est pas ma foi ... Pas ma branche plutôt, hein, catholiques, protestants, ça fait massacre Charly IX et la France qui explose et des décasyllabes ...
Mais c'est surtout que je suis un simple démon, soit l'ennemi de tout croyant qui se respecte. Sauf s'il est sataniste. Aucun rapport. Pourquoi, alors, si je cherche une église, aller dans le quartier le plus pourri de la ville, je vous le demande ?
... Pardonnez moi pour vos oreilles mais ... Je vais hurler.
PARCE QUE JE VIS DANS CE QUARTIER BANDES DE CRETINS !
Ca fait du bien de s'énerver contre un auditoire imaginaire, j'avais jamais remarqué. Bref. Il fait ... Gris, le ciel est sombre, l'orage menace, la nuit aussi. Un temps parfait pour une expérience mystique de la moindre importance.
Je ne suis qu'une jeune fille comme les autres, dans ce monde. J'avance, les pieds encore souillés de vomi, avec des fringues d'homme sur le dos qui ne trompent personne. En même temps un mec avec du 95D, je trouverais ça étrange, malgré mon expérience de la vie dans ce genre de quartier... M'enfin.
Je n'ai qu'une chose à faire. Marcher. Jusqu'aux portes de bois. Les pousser. Entrer. Rien de plus. Simplement ça. Et ainsi je saurais ... Si j'ai pas été totalement damnée dans ma vie de petite licorne que je ne suis pas.

Un pas.
Deux pas.
Bon, plus que soixante-dix mètres. A ce rythme, on y est encore dans dix ans. Ne pas compter les pas, surtout pas, surtout pas. Je marche. Voilà, simplement. Déjà la porte ? Eh, eh, je peux pas reculer ? Non ?
... Je peux pas entrer, c'est aussi bien que reculer, ouais. Bon, bah, écoutez, hein, Dieu qui aime l'ironie, on va s'amuser sur les murs de ton église dédiée à la prostitution ! On va graver de la musique ! En chantant, bah ouais, bah ouais. C'est bien ça. Surtout la petite église qui n'est qu'une chapelle au fond de la ruelle paumée ...
"Sainte-Eglise-De-La-Ruelle-Dont-On-A-Rien-A-Foutre", ça sonne bien, je trouve. Et graver dans l'huis qui s'est refermé devant nous une simple phrase.
Ok, plusieurs.
Je renie la poésie qui peut imprégner, mais tout comme Lui, qui cherchait ces notes qui s'aimaient, moi je les fuis et cherche les mots en total désaccord avec le lieu.
"Faith can be like poetry of demons,
Or maybe God likes complex irony ?"

Allez, une jolie signature avec un pentacle, on souffle et on se met à courir dans tous les sens en chantant.
Oui, je vais bien, même si je crois m'être reçu un nuage sur la gueule à la naissance. En plus, je dois faire peur aux gens qui ... 'Bossent' pas loin. Peu importe.

"EMBER TO INFERNOOOOOOOOO THE ENDING IS STRONGEEEEEEER
I BURNED MYSELF FOR A PAGE OF RHYYYYYYYYYYYYYMES !"

Je ne fais pas le bruit d'une licorne égorgée quand je chante. enfin j'en ai pas l'impression.